Aaah le clair-obscur… C’est sûrement le style artistique qui m’a suivi depuis mes débuts en art !
Il est facile de trouver une véritable fascination pour cette maîtrise des valeurs et des contrastes dans un portrait très expressif, comme le souhaite l’Art Baroque.
« Jeune homme à la guimbarde » en est un parfait exemple.

Ou encore une peinture sombre, parfois épique, parfois excitante, le tout souvent accompagné de drapés, de vin, de tétons et de sang bien, bien rouge. Comme dans « Charité Romaine » de Peter Paul Rubens.

Le clair-obscur est ce qui donne aux ombres et à la lumière un rendu unique, riche et fort en contraste. Tout en ajoutant à la scène une pointe de drame non désagréable.
💡 Pour les artistes au style « dark, grunge ou gothique », il s’agit de l’élément parfait à intégrer dans leurs œuvres.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet pour savoir comment réaliser un bon clair-obscur, une petite explication s’impose.
Chiaroscuro, késako ?
Le Chiaroscuro est le nom officiel que l’on donne à la technique du clair-obscur. Il s’agit de deux mots italiens rassemblés qui veulent tout simplement dire :
Chiaro (prononcé « Kiaro ») : Clair
Scuro (prononcé « Scouro ») : Obscur
Rien de bien compliqué donc là-dedans. Du coup, à partir de maintenant, je ne parlerai plus de clair-obscur, mais bien de Chiaroscuro, car j’ai des origines italiennes (nan je déconne, mais ça fait plus classe…)
Les grandes figures du Chiaroscuro
Le Chiaroscuro connaît son apogée durant la période de l’Art Baroque vers les années 1600. Les artistes baroques souhaitant sortir de la ligne claire, pure et parfaite apportée naturellement par le style de la Renaissance ainsi que le Classicisme.
Le baroque est donc un peu le « mauvais garçon » de l’histoire de l’Art si vous préférez.
L’imperfection et l’exagération sont les objectifs principaux de l’art baroque.
Il existe de nombreuses figures emblématiques du style baroque et en particulier en ce qui concerne la technique du Chiaroscuro : Da Vinci, Rubens, Velasquez, Vermeer, Rembrandt… Cependant, il est impossible de passer à côté du Caravage qui a su révolutionner le genre.
Le Caravage

Le Caravage est surtout connu pour son utilisation du Chiaroscuro dans ses peintures figuratives représentant des hommes et femmes très expressifs, remplis parfois de joie, mais plus souvent de doutes, de tristesse ou encore d’agressivité. Une parfaite représentation de l’Art Baroque.
La puissance qui émane de ses œuvres, comme « Judith & Holophern », est en grande partie due à l’utilisation parfaite du Chiaroscuro, ainsi que de la maîtrise de la lumière qui éclaire les différents personnages, tout en gardant un arrière-plan sombre et subtil qui se fond avec chaque figure.
Mais pas que. Le rouge est aussi très présent dans ses œuvres et retranscrit à la perfection le sang ou la violence émise par chaque scène qu’il a pu peindre.
Comment ça fonctionne le Chiaroscuro ?
Tout se joue dans la relation entre ombre et lumière.
👍 L’énorme avantage de cette technique est qu’elle fonctionne avec TOUT type de média artistique !
(Excepté peut-être l’aquarelle et la gouache qui ne donne pas assez de contraste entre les différentes valeurs… et si vous souhaitez un contre exemple, jetez un œil aux œuvres d’Agnès Cécile)
Pour comprendre la technique du Chiaroscuro, prenons en exemple cette bonne vieille sphère.

Ici, la sphère est éclairée par une simple lumière qui lui fait face. Elle paraît plate et sans relief. Il faut donc donner un peu plus de volume et d’énergie à cet objet !
Pour cela, nous allons tout simplement bouger la lumière principale pour qu’elle se situe à gauche de la sphère.

Maintenant, vous pouvez clairement voir une partie éclairée et une partie obscure : le fameux clair-obscur.

Cependant, il manque la touche finale pour avoir un bel éclairage style chiaroscuro…

Une lumière au fond qui éclaire la partie obscure !

On a maintenant la partie éclairée bien visible à gauche, et le côté sombre de la sphère qui est aussi visible, grâce à la lumière qui éclaire le fond à droite.
Voilà, ce n’est pas plus compliqué que ça. Une technique relativement facile à mettre en place, mais qui apporte une force et une profondeur incroyable à vos différentes œuvres !
Le Chiaroscuro vu par les artistes d’aujourd’hui
Que ce soit en dessin, en peinture, en photographie ou au cinéma, de nombreux artistes contemporains se sont emparés de cette technique pour créer des œuvres riches en contrastes et en émotions.
Le Chiaroscuro en dessin
Grande inspiration personnelle depuis de nombreuses années (si ce n’est la première), Casey Baugh maîtrise à la perfection les contrastes et valeurs dans ses différents portraits créés au fusain.
Voici trois exemples de portraits qui vous montrent comment Casey Baugh s’aide de la technique du chiaroscuro pour donner du volume, de la profondeur et de la vie à ses différents visages.
Le Chiaroscuro en peinture
Réincarnation moderne du Caravage, Roberto Ferri a su exploiter la technique du chiaroscuro pour créer de véritables peintures dignes des plus grands maitres. Le tout doté d’une âme incroyable.
Très proche du style baroque, il aime ajouter une touche plus ou moins grande de surréalisme, fantasy, voir d’horreur dans ses différentes œuvres.
Un maitre de la peinture à l’huile, avec un anachronisme radical, à ne manquer sous aucun prétexte !
Le Chiaroscuro en photographie
Nombreux sont les photographes qui utilisent le chiaroscuro : portrait, street photo, mode, fashion…
Et ils seraient impossibles de tous les citer ici.
J’ai donc choisi comme exemple l’artiste Antonio Palmerini, car j’aime beaucoup ses portraits de femmes abstraites, floues et troublées. De plus, le chiaroscuro est très présent dans ses différentes photos.
Le Chiaroscuro au cinéma
Style phare pour ajouter du drame à une scène dans un film, le chiaroscuro a très vite trouvé sa place dans le monde cinématographique.
Voici pour exemple un screenshot du film Moonlight (2016).
Même si la composition se veut très simpliste, on retrouve tout de même le style chiaroscuro.
Un second exemple, plus détaillé, avec cette fois-ci The Social Network (2010).
Remarquez comment on retrouve les teintes et couleurs de l’Art Baroque…
Et un dernier avec le grand classique Vertigo (1958) d’Hitchcock.
La silhouette se démarque parfaitement du fond grâce aux valeurs sombres.
Le Chiaroscuro à la télévision
Et oui, même la télévision utilise le chiaroscuro !
Notamment durant les interviews que l’on peut voir dans les émissions et documentaires…
L’erreur fréquente des débutants avec le Chiaroscuro
L’une des erreurs les plus fréquentes que l’on a tendance à faire en voulant appliquer le style Chiaroscuro dans ses œuvres, est d’utiliser la même valeur pour le fond et le visage par exemple.
⚠ Il y a TOUJOURS une différence de valeur entre le fond et le sujet.
Voici un exemple pour vous expliquer comment éviter cette erreur grâce ce portrait.

Passons l’image en noir et blanc pour y voir plus clair…

Voici ce que donne (grossièrement) la forme complète du portrait.

Maintenant, zoomons sur la partie gauche du visage pour voir en détails, comment bien créer la limite entre le fond et le portrait.

On ajoute un trait rouge pour bien créer la démarcation entre le portrait et le fond

Puis on affiche les valeurs du fond (1), du portrait ( 1 au niveau des cheveux). Et une valeur plus claire en bas (3).

On voit donc qu’il y a une gradation des valeurs pour le fond, qui passe de 1 à 3. Ce qui permet de faire une délimitation entre les cheveux et le fond.

👍 Cela vous montre donc l’importance d’avoir un personnage qui se détache bien de votre fond pour obtenir un beau style chiaroscuro.
Comment créer le style Chiaroscuro en Digital Art
Je vais prendre une pomme pour l’exemple.
Pour créer ce style, n’importe quel logiciel de dessin fera l’affaire…
J’utilise personnellement Photoshop avec l’aide des brushs de Gregz Rutowski et Kyle Webster.
Je commence par dessiner un croquis avec la brush « flat point » du pack de Gregz Rutowski. Le fond est un gris neutre d’environ 50%.

J’ajoute toujours ensuite un coup de brush doux et texturé du style « Kyle Drawing Graphite » pour ne pas commencer à peindre directement sur le fond.
Je la mets en opacité d’environ 10% et recouvre doucement le dessin sur un nouveau calque.

Je commence à peindre la pomme pour définir rapidement les bords et les ombres. En particulier les zones où les ombres sont les plus fortes (appelé aussi terminator).

Après quelques corrections au niveau de la forme de la pomme, j’entame la partie la plus importante pour obtenir le style chiaroscuro :
L’ajout d’un fond très sombre du côté où la pomme est éclairée. Dans cet exemple, il s’agit de la droite.

Puis je fais de même de l’autre côté, quitte à perdre un peu la forme de la pomme.
Attention tout de même à bien gérer vos valeurs.

Ensuite, je repasse avec la gomme avec l’aide d’un brush soft pour récupérer la forme et créer du volume.

Et pour finir, on peut détailler un peu avec un brush texturé, ajuster les contrastes (avec le réglage des niveaux) pour donner un peu plus de vie à son dessin…

Et voilà !


Bon c’est une démo très rapide… mais j’espère que ça peut vous aider pour vos prochaines créations 🙂 !
Conclusion
Le style clair-obscur ou chiaroscuro est une méthode très puissante pour ajouter de la tension, du drame ou une forte émotion à votre sujet en jouant simplement avec les lumières.
Même avec une simple pomme, on peut ajouter une ambiance intéressante à la scène…
Vous pouvez aussi voir que nombreux sont les supports artistiques et audiovisuels qui l’utilisent au quotidien.
⚠ Il faut tout de même bien faire la distinction entre le clair-obscur et le ténèbrisme.
À gauche, un exemple avec le clair-obscur. À droite, le ténèbrisme.
Le ténèbrisme est une variante du clair-obscur, beaucoup plus sombre avec moins de différence en ce qui concerne les valeurs. Le fond est indissociable du sujet ou du portrait.
L’arrière-plan, sous la métaphore des ténèbres, devient donc l’élément dominant.
Tout se confond, il n’y a plus de délimitation propre comme peut l’apporter le clair-obscur.
Merci d’avoir lu cet article sur le chiaroscuro, si vous souhaitez de l’aide ou des précisions, n’hésitez pas à le faire savoir dans les commentaires ci-dessous !




























Bonjour. Merci pour ce superbe article ! Je suis une étudiante et je me demandais pourquoi la gouache ne permet pas d’obtenir un bon contraste ? Quel est la différence avec l’acrylique ? Je n’ai jamais vraiment remarqué de différence de rendu entre les deux (mis à part la texture et le fait qu’elle s’active à l’eau)
Bonjour Anaïs,
Merci pour ton commentaire. Tu as répondu à ta propre question 😉
La texture et l’eau de la gouache/aquarelle peuvent adoucir les valeurs, contrairement à l’acrylique ou l’huile qui ont une texture opaque. Tout dépend donc de sa compréhension des valeurs et de la maitrise de la gouache pour créer un beau chiaroscuro avec ce médium. Agnès Cécile est une super source d’inspiration pour ce type d’œuvres. Bonne chance pour tes études !
Merci pour cet article ,et le choix des couleurs,pour une envie d une couleur laiteuse?merci!
Bonjour Maryline,
Pour les couleurs laiteuses, il suffit d’utiliser des couleurs claires et surtout, désaturées.
Il est également important de toujours bien prendre en compte la source de lumière (naturelle comme le soleil, ou artificielle comme un néon, qui peut jouer sur les nuances de la peau).
Pour obtenir un rendu réaliste, proche des maîtres de la Renaissance ou Baroque, il est donc conseillé de rester dans les teintes désaturées. C’est très rare que l’humain contienne des couleurs vives, excepté au niveau des flux sanguins conséquents : mains, joues, pieds etc. En espérant que ça réponde à votre question !
Bonjour,
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Excellente journée.
Cordialement,
Patrick Coscas
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Cet article sur le clair-obscur est vraiment fascinant ! J’adore la façon dont vous avez expliqué les différentes techniques et leur impact sur la perception des œuvres. Ça m’a donné envie d’explorer davantage ce thème dans mes propres créations. Merci pour l’inspiration !